À défaut de pouvoir fêter ensemble dignement l’ouverture de la boulangerie à Arthey, voici un petit retour en images sur la construction de celle-ci.

Tout commence début mai 2019. Le Festival des Plantes Comestibles est derrière nous et la grange est libérée du matériel de déco qu’elle abritait. On récupère donc le temps et l’espace nécessaires pour se lancer dans ce nouveau chantier. Sans traîner, on se fait livrer une grande partie des matériaux nécessaires à la construction : CLS, laines de bois, OSB, Fermacell…

Avant d’empiler tout ce beau matériel dans le bon ordre, on dessine à la craie les plans du futur atelier. Ça aide un petit peu à se rendre compte des espaces prévus. Et c’est chouette à faire 🙂

Une fois les matériaux réceptionnés, plus motivées que jamais à enfin entamer ce chantier, on se plonge sans attendre dans la réalisation du sol de la boulangerie. On construit l’ossature, on pose le pare-pluie, on retourne le module (c’est là que les bras doivent être nombreux), on remplit de laine de bois et on recouvre le tout de panneaux OSB. Facile !

En seulement quatre petits jours de chantiers, le sol est terminé! Grande révélation : « Hé mais elle sera vite finie la boulangerie! ». Doux rêveurs…

(Nos excuses pour le manque de luminosité sur les photos. On a trouvé comment allumer la lumière après 3 mois de chantier dans l’obscurité…)

Deuxième étape : on monte les murs. La technique utilisée ici est appelée technique « Nebraska » ou « paille-porteuse ». Il s’agit globalement d’empiler des botes de paille les unes sur les autres et de venir ensuite les sangler (lisses hautes et basses comprises) pour que les murs ne bougent plus. On a choisi cette technique car elle nous semblait à la fois écologique, économique et réalisable sans grande connaissance en construction. Pour celles et ceux qui souhaiteraient en apprendre davantage là-dessus, on vous conseille cette lecture.

Quelques préparatifs avant de commencer à empiler les bottes :

La partie de légo est ensuite officiellement lancée :

On empile les bottes et on les redimensionne parfois au passage. Plus les murs montent, plus ils ont l’air instables… On commence presque à douter de l’efficacité de la technique mais on se garde bien de se l’avouer. Puis comme par magie, une fois que la lisse haute est posée sur le dessus et que les sangles sont bien tendues, ça ne bouge plus d’un poil! Amen.

Vient ensuite l’étape assez désagréable de débroussailler les murs. Ça permettra à l’argile qu’on viendra ensuite y appliquer de bien accrocher.

Paille et poussière dans les yeux, douce odeur de pétrole dans le nez, on s’accroche à la débroussailleuse en espérant en finir rapidement.

Une fois la structure des murs terminée, on s’attaque au plafond. De façon assez similaire au sol, on assemble d’abord l’ossature pour venir ensuite la refermer avec des plaques de fermacell par le dessous, la remplir de laine de bois par le dessus et refermer le tout avec des panneaux OSB. Sans oublier d’intégrer là-dedans le circuit électrique.

Avant de se lancer ensuite dans la looooooongue et interminable étape des enduits, il faut poser les châssis. Ceux-ci avaient été récupérés un an plus tôt, lorsque le gîte juste à côté s’était offert un petit lifting, et gardés bien au chaud en attendant. 100% récup’, donc. Et, oui, ce sont les mêmes châssis que sur la cabane du potager qu’on a construite il y a un an. On réfléchit beaucoup à la cohérence esthétique de nos projets 😉

Nous voilà en août 2019. Le chantier a démarré en mai et on espérait l’avoir fini pour octobre, moment prévu pour la livraison du four. Tout semble encore possible.

Mais bardaf! C’était sans compter les longues journées de travail qui nous attendaient pour réaliser les enduits. Pour info, les enduits jouent ici un rôle structurant pour la solidité des murs et vont participer au fait que les murs ne bougeront pas.

Au total, c’est plus de 10 tonnes de terre que l’on a utilisées pour la construction. Une partie était un mélange tout fait, commandé en big-bags. Une autre partie était de la terre que l’on est allé chercher sur un chantier à Temploux, à quelques kilomètres d’Arthey.

Puis vint le moment tant attendu : l’arrivée du four! Installation plus compliquée que prévue car les rallonges de pales amenées par le constructeur du four ne vont finalement pas sur le tracteur de notre voisin. Impossible donc de soulever le four par le dessous, comme nous l’avions prévu. Mais, pas de stress, on se débrouille en le soulevant à l’aide de chaînes pour le transporter jusqu’à son emplacement final. Un peu de chipotage tout de même pour le faire entrer dans la boulangerie (la hauteur de l’ouverture laissée en prévision était calculée au centimètre près… les chaînes compliquent un peu les choses…) mais on y arrive! Le roi de la boulange trône maintenant fièrement dans son fournil.

Maintenant que le four est là, on construit une cloison entre lui et le reste de l’atelier de boulangerie. L’objectif étant à la fois de pouvoir réguler la température dans la pièce qui servira à faire le pain (éviter de bouillir en été) et à la fois de séparer les espaces plus propres dédiés à la fabrication des pains des espaces un peu plus sales liés à la gestion du bois.

La cloison est isolée avec des chutes de laine de bois et de la chènevotte (copeaux de chanvre).

Cloison et plafond sont jointés et peints. On se lance alors dans les dernières étapes des enduits de murs (hé non, ce n’était pas fini!) : les enduits de chaux+sable et de chaux+poudre de marbre. L’idée est d’arriver à un résultat bien lisse et lavable 😉

Avec quelques petits ratés de temps en temps… on prend son mal en patience et on recommence.

Noël 2019: on peut officiellement dire que les enduits sont terminés! Incroyable. Et on a hâte de passer à l’étape d’après : la pose du plancher et des portes. Tout à coup ça devient propre et ça commence à ressembler à une pièce finie 🙂

Parallèlement à tout cela, on raccorde le four à la sortie de cheminée prévue dans la grange et on lance enfin les premiers feux dans le four. Plusieurs chauffes « à blanc » sont nécessaires pour habituer les tôles à la chaleur et éviter qu’elles se déforment.

Premières conclusions : ça marche! Le tirage est plus que bon et le bois d’Arthey semble convenir aussi.

Dernières étapes avant de pouvoir démarrer : acheter le petit matériel nécessaire à la production, construire le mobilier, poser le carrelage au mur, faire entrer le pétrin dans la boulangerie, faire les derniers raccords électriques pour que tout fonctionne, installer le système d’eau, protéger les boiseries, nettoyer le tout, ramener du bois… et encore plein de petits détails/fignolages pour que tout soit prêt.

Et ça y est! Fin février 2020, le grand jour est arrivé! De délicieux pains chauds sortent enfin de la Petite Boulangerie d’Arthey! 🙂 🙂 🙂

La première fournée est plutôt sportive… Il faudra un petit temps d’adaptation au nouvel environnement.

Un ÉNORME MERCI à toutes les personnes qui ont contribué à construire ce projet de boulangerie. Que ce soit en nous prêtant mains fortes, en prêtant des outils, remorque, voiture…, en nous conseillant et aiguillant dans les moments de doutes. Des journées dans la paille, dans la poussière, dans la sciure de bois, dans la terre, dans la boue, dans la boue, dans la boue, dans le rangement, re-rangement et re-re-rangement de la grange… Sans votre aide plus que précieuse, pas sûr que des pains auraient enfin pu être réalisés à Arthey. Et les chantiers n’auraient en tout cas pas été aussi chouettes qu’ils l’ont étés!

Un tout grand merci plus spécifique aussi à Mano, qui a permis de démarrer l’activité de boulangerie en acceptant de prêter son atelier, le temps d’avoir fini le nôtre. Merci pour tous les conseils, réflexions, discussions autour du pain. Quelle chance d’avoir pu travailler avec toi 🙂

À la prochaine pour d’autres projets un peu fous (pas tout de suite quand même!) et longue vie aux pains!

Camille
Boulangère fière et heureuse d’être enfin installée 🙂